La Commedia dellâarte
Les Masques & Carnaval
Une belle série sur les masques de Carnaval de Venise
Nâest-il pas mystĂ©rieux le masque vĂ©nitien !
Quel est ce visage qui sây cache, la personnalitĂ© qui sây dissimule!âŠ.
Il me ramĂšne Ă quelques annĂ©es, un carnaval comme tant dâautres que jâai pu vivre intensĂ©ment. Les journĂ©es sâĂ©coulaient Ă travers les ruelles que je parcourais parfois dans le brouillard ou ventĂ©es par une brise marine glaciale de fĂ©vrier. CĂ et lĂ , des musiciens jouaient dans les diffĂ©rents quartiers de la ville sur des places, diffĂ©rentes musiques rĂ©sonnaient dans les ruelles oĂč je flĂąnais. Ces personnages masquĂ©s lâun plus surprenant que lâautre, dĂ©ambulaient dans la ville se faisant photographier tels des statuts.
Je me retrouvais dans un monde imaginaire, le mien, je flottais, je me sentais lĂ©gĂšre comme une plume qui sâenvolait vers la lagune, la libertĂ© de se laisser porter dans cette envolĂ©e de voluptĂ©s. De temps Ă autre, pour me rĂ©chauffer, jâaimais aller dans des petits bars de quartiers, un cafĂ© bien frappĂ©, pour me rĂ©chauffer mais aussi pour retrouver cette ambiance vĂ©nitienne parmi les miens, des sourires, des yeux et des regards pĂ©tillants, fatiguĂ©s par des nuits festives, mais prĂȘts Ă recommencer pour la nuit suivante, Ă la croisĂ©e, rencontre avec Casanova. Les nuits jâadorais me promener Ă pieds, naviguer en vaporetto. Les palais le long du grand canal Ă©taient en effervescence. La musique sâĂ©chappait Ă travers les fenĂȘtres, la fĂȘte battait son plein de rires, de cris. Combien de « Casanova » enlevait les belles pour une nuit dâamour âŠâŠ Des concerts chaque soir sur la Place St Marc illuminaient cet endroit chargĂ© dâhistoires, de richesses architecturales, sâasseoir, une boisson chaude sur la terrasse dâun des cafĂ© oĂč les musiciens jouaient de leur instrument, violons, piano âŠ. Enchantaient ces lieux.
Etait-il mystĂ©rieux ce personnage se promenant sous une brume hivernale dans les Ă©troites ruelles de ma belle Venise. Je lâai rencontrĂ© un matin en me promenant câĂ©tait FĂ©vrier il faisait froid il apparut soudain dans le brouillard, il marchait lentement sâapprochant de moi. Nos regards se sont croisĂ©s, figĂ©e je le contemplais. Il prit ma main, me lâa caressa, se lâappropria, je frissonnais, il sâen doutait. Il entama la conversation, jâĂ©tais sous le charme de lâinconnu, jâessayais de mâimaginer son visage par le ton de sa voix. Nous avons conversĂ© longuement en vĂ©nitien, je retrouvai mes racines. Il fut encore plus enthousiaste lorsquâil sâaperçut que nous parlions le mĂȘme dialecte. Je tremblais de froid, il mâinvita Ă boire un cafĂ© dans un bar tout proche pour se rĂ©chauffer. Le bar Ă©tait tout petit, ambiance feutrĂ©e, jâadore. Cela me rappelait des souvenirs lorsque jây allais avec mes cousins, mon pĂšre ou mes tantes.
Nous avons passĂ© un moment magique, une rencontre particuliĂšreâŠâŠâŠ..!!!!
Les mémoires de Casanova
Il y avait un parfum étrange
DerriĂšre ce masque
Qui lisait sur mon épaule
Jâavais froid toute nue
Au milieu de ces pages
Alors le masque mâa entrainĂ©
Dans ces pages ouvertes
De Venise Ă Moscou
De Naples Ă Paris
De Londres Ă Constantinople
Pour mourir dâamour avec lui
Inédit Février 2021
Jean Claude Ettori
Les Paysages
Voici quelques annĂ©es, jâavais rencontrĂ© un monsieur trĂšs ĂągĂ© 98 ans. Il Ă©tait assis devant sa maison au dĂ©tour dâune des places de Burano. Sa canne en bois posĂ©e contre sa chaise, câĂ©tait le matin, il prenait le frais. AttirĂ©e par ce personnage et ce clichĂ© qui me rappelait ma tendre enfance mon grand-pĂšre Ă Lancenigo (Trevise). Je me suis arrĂȘtĂ©e pour engager la conversation en dialecte vĂ©nitien. Il eut plaisir Ă me raconter sa vie sur cette Ăźle, la pĂȘche au large, dur labeur, qui Ă lâĂ©poque apportait un salaire permettant de faire vivre toute sa famille. Ses fils perpĂ©tuants la coutume pĂȘcheurs eux aussi, ne peuvent plus de nos jours subvenir aux besoins de leur famille. Je lui posa alors une question dont je connaissais la rĂ©ponse : pourquoi les façades des maisons sont ainsi colorĂ©es. Serait-ce vrai que cela vous permettez, lorsque vous Ă©tiez au large en mer de reconnaĂźtre votre maison Ă votre rentrĂ©e au port aprĂšs une longue pĂȘche bien arrosĂ©e. Vous savez mâa t-il dit ! Un dialogue gai, des anecdotes, il se rappelait de bons souvenirs. Nous avons beaucoup rit. Je lâai quittĂ© avec tristesse aprĂšs plus de deux heures de conversation. Difficile de ne pas lui faire des baci, il Ă©tait si attendrissant. Il mâa demandĂ© de revenir le voir lâannĂ©e suivante. LâannĂ©e suivante, jâai frappĂ© Ă sa porte, un de ses fils mâa reçu mâapprenant son dĂ©cĂšs au cours de lâannĂ©e. En rentrant jâai peint plusieurs toiles sur Burano, difficile de ne pas penser encore Ă lui âŠ..
Fin de soirĂ©e, le ciel alors sâembrase pour Ă©clairer la lagune dans un fondu flamboyant de couleurs, la magie sâopĂšre sur les reflets de lâeau. La nuit approche, seuls les « vaporetti » naviguent encore, les gondoles couvertes, amarrĂ©es aux palines et aux poteaux sâimmobilisent le long des quais. Mais Venezia ne dort jamais, les nuits le mystĂšre envahi la citĂ© lacustre, la vie continue au ralentit sur lâeau, des personnages hasardeux arpentent les ruelles, parfois des rires, des chants, le bruit de la houle, brisent le silence nocturne. Le pinceau et la plume.
Naviguant en gondole avec mon cousin gondolier en fin de journĂ©e, jâaperçus cette belle bĂątisse dâĂ©poque. Un petit arrĂȘt sâimposait. Ces deux portes ont si souvent Ă©taient photographiĂ©es, difficile de ne pas les peindre. Alors il me raconta une trĂšs belle histoire vĂ©nitienne dâamoureux. Nous les avons regardĂ© longuement ces portes, les curieux ne naviguaient plus ou du moins peut Ă cette heure de la journĂ©e. Nous terminions la promenade le long des canaux dans le calme, si serein, nous Ă©tions bien, heureux. AprĂšs deux heures de navigation, nous sommes arrivĂ©s devant la place St Marc oĂč sa gondole est Ă quai en permanence. Nous sommes allĂ©s retrouver tous les autres gondoliers ainsi que mon autre cousin dans un grand bar, superbe, dâĂ©poque, sur la place St Marc pour boire joyeusement ensembles, chanter, une ambiance bien vĂ©nitienne, entourĂ©e par tous ces beaux gondoliers qui nâavaient que dâyeux pour lâartiste. La fin de journĂ©e sâest terminĂ©e jusquâĂ la nuit au restaurant, tous ensembles, câĂ©tait le bonheur.
Sa parure de couleurs trĂšs prĂ©cise oĂč se mĂȘlent nombreux coloris notamment un vert trĂšs caractĂ©ristique, un gris, un jaune et un soupçon de bleu que lâon ne peut imaginer. Les reflets de lâeau illuminent lâarche de ce pont ce matin. Assise sur le bord, les pieds sâagitent dans lâeau. Je contemple, je pense Ă la veille au mĂȘme endroit dans la nuit, mĂȘmes reflets mais câest la lumiĂšre des rĂ©verbĂšres qui illuminent ce pont alors. Comment ne pas se prĂȘter Ă la rĂȘverie. Seule, je me sens bien ma Venise, ma belle je tâaime !